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Longtemps, j'ai tenu un blog de bonheur. De 2011 à 2015, plus précisément. Cela s'appelait "Clopineries, le blog de Clopine Trouillefou". Clopine Trouillefou, ce n'est pas, contrairement à l'impression première qui risque de se dégager de ce pseudonyme, , une vanne de cul. Ce nom est, en fait, issu d'une sorte de croisement entre Victor Hugo et Virginia Woolf. Mon intérêt pour la littérature s'y dévoile d'emblée, sous le manteau de l'anonymat.
Cet ancien blog était un patchwork d'impressions quotidiennes, de réflexions plus ou moins politiques, de comptes-rendus de lectures, d'écoutes de musiques ou de visionnages de films, de mise en ligne de photos, dessins, tableaux, bouts de films, de renvois à des liens externes, plus, parfois, quelques blagues. Il servait à la glorification de ma vie, à travers mes proches, mes animaux, mes goûts... Le tout sans ordre ni plan.
Alors qu'internet explosait, l'argument publicitaire des plates-formes de blog résidait dans la promesse d'un lectorat toujours plus nombreux. La forme blog, c'était déjà le terreau, le berceau des actuels influenceurs ou influenceuses sévissant sur Tik ToK. Et le blog était, pour quelqu'un comme moi, un palliatif à la difficulté d'accéder au statut d'écrivain. Mais évidemment, Clopineries est resté un blog parfaitement confidentiel. Songez, disons au maximum une centaine de visites par jour, alors qu'un streamer sur Twitch peut compter sur plusieurs millions de followers.
Au bout de quelques années, et comme pour nombre d'autres blogs, l'exercice de l'écriture bloguesque avait atteint ses limites. Non parce que je n'avais plus rien à dire : la forme d'éphéméride du blog contient en elle-même la garantie d'un renouvellement quotidien. Mais parce que la confusion entre le genre du "journal intime" (où la sincérité est normalement de mise, sauf pour les écrivains qui inscrivent leurs journaux intimes dans une perspective de publication posthume, et donc prennent des postures) et l'exposition en place publique (qui empêche de parler d'autrui, car parler d'autrui sur la toile, c'est l'exposer à travers ce que vous dites de lui, et il faudrait dans ce cas obtenir au préalable son consentement) débouchait sur une sorte de mensonge : ma parole était de plus en plus bridée.
Clopineries mourut donc de sa belle mort. Mais Clopine Trouillefou perdurait, elle, ici ou là.
Pourtant, il y a cinq ans, Clopine faillit bien se taire pour toujours. Le sol sur lequel je marchais s'était dérobé, comme une trappe qu'on ignorait être là et qui s'ouvre sans prévenir : adieu, veaux, vaches, cochons, couvée ! Je veux dire que toute la vie relatée au jour le jour sur le blog s'était d'un seul coup retirée. J'ai subi une profonde et extrêmement douloureuse "dépression nerveuse post-traumatique", d'après les psychiatres du Centre Hospitalier du Rouvray. Et j'ai déménagé.
Et la peur a commencé à s'installer.
Je dis "la peur", et non '"l'angoisse", celle qui me réveille la nuit et provient de moi, de mon psychisme. Mais ma peur, ou mes peurs, elles, me semblent aujourd'hui parfaitement justifiées. Ce sont ceux qui "n'ont pas peur" qui sont à mes yeux parfaitement étonnants. A croire qu'ils font partie du danger...
Oui, j'ai peur. J'ai même une trouille folle de l'avenir, de tout ce qu'il contient.
Mais si on a le droit d'avoir peur, pour soi et pour les autres, s'il est parfaitement raisonnable d'avoir peur, il faut résister à la tentation de l'autruche ou de la panique.
Trouver quelque chose à opposer à la trouille.
Je n'ai que des mots. Mais c'est peut-être, déjà, un bon début... Pour comprendre ce qu'il y a, derrière ma folle trouille...
A plus.
Clopine Trouillefou

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